enfant et contes de fée pourquoi c'est important

Pourquoi les contes de fées font-elles peur ?

Les histoires pour enfants sont peuplées de grands méchants loups, d’ogres, de sorcières, de marâtres cruelles avec une imagination bien perverse. A quoi ça sert de lire à son enfant des choses aussi effrayantes ?

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, il n’est pas mauvais de raconter des histoires effrayantes aux enfants. Car ils en ont bien besoin. Et pire encore, ils s’en racontent par pelles durant des soirées pyjama.

Parce que les contes sont le reflet des moments de vie difficile, inquiétants et effrayants que l’enfant vit.

En effet, nous pouvons envisager des situations du quotidien comme le fait de se séparer des parents pour aller à la crèche ou à l’école ou pour aller en vacances : l’enfant peut alors avoir peur de ne plus retrouver ses parents. Qui dit « séparation », fait allusion à la mort. Et l’enfant sera (ou a déjà été) confronté à la mort, à travers la disparition d’un animal de compagnie, le décès d’un grand-parent ou encore un reportage à la télévision. Le conte offre alors un cadre rassurant pour explorer ces angoisses. Pourquoi ? Et bien parce qu’avec le conte, on peut toujours recommencer. Les épouses de la Barbe Bleue ressusciteront à chaque fois que l’on racontera l’histoire. La répétition a en effet une fonction rassurante, et on exorcise ses peurs au fur et à mesure que l’on est bercé par l’histoire.

Parce que ce faire peur c’est jubilatoire et ça renforce les liens.

Pour se raconter une histoire terrifiante, il n’y a rien de mieux que de se cacher sous un drap avec une lampe torche et de se blottir les uns contre les autres. Essayez aussi de jouer avec de jeunes enfants à un jeu du type « toc, toc, qui est là ? », et vous verrez comment les enfants surenchérissent en proposant des personnages de plus en plus effrayants, et à quel point ils seront déçus lorsque vous leur suggérerez qu’il ne s’agit que d’un gentil petit poussin. Ainsi, en s’amusant l’enfant apprend à mettre en mot ce qu’il a du mal à exprimer et à se représenter. Par exemple, la peur universelle du noir traduit en effet la peur du vivant qu’on ne peut pas se représenter. Mais le conte opère un tour de magie, et voilà qu’une image est apposée à une vague angoisse. Lorsqu’on nomme un problème, on peut commencer à y chercher des solutions. Ainsi, il y aura toujours un chasseur pour un grand méchant loup et un four bien chaud pour une sorcière mangeuse d’enfants.

Parce qu’il y a une logique dans les actions et les caractères des personnages sont sans ambiguïté.

Les méchants sont méchants et les gentils sont gentils. Une telle représentation certes caricaturale donne néanmoins des repères à l’enfant et l’aide à construire des liens de cause à effet : les gentils sont ainsi en parfait droit d’éliminer les monstres ou de les mener en berne.

Parce que les histoires effrayantes aident l’enfant à grandir et lui donnent de l’espoir.

Les rites initiatiques que traversent les personnages de l’enfance à l’âge adulte, et le fait de vaincre les monstres effrayants inspire la confiance nécessaire à l’enfant de terrasser un jour ses propres « monstres ». Le conte effrayant permet ainsi de vacciner l’enfant et de le rendre plus résilient que n’importe quelle histoire heureuse.

Parce que les contes aident l’enfant à gérer ses émotions.

Les contes confrontent l’enfant à une palette émotionnelle très large : peur, colère, tristesse, honte, joie, amour, haine, autant d’émotions qu’il a déjà ressenties. Avec un point positif en plus : la dimension symbolique du conte aide à élaborer ses émotions et à les surmonter en adoptant des solutions concrètes. Le conte apprend à l’enfant à gérer des questionnements et des difficultés psychologiques auxquels il est confronté : la jalousie entre frères et sœurs ou entre copains à l’école, sa place dans la famille, son amour pour maman ou pour papa.